A Dieu père Jean Jabouley
Souvenir d'un paroissien de Meyzieu.
Quelqu’un avait sonné à ma porte, c’était un témoin de Jéhovah. Habituellement les témoins de Jéhovah vont par deux ; mais ce jour-là, il n’y en avait qu’un, son condisciple avait dû sonner chez un voisin.
Il était jeune et paraissait très convaincu de sa foi. Je l’ai d’abord laissé parler, semblant l’approuver et lui faisant des réponses brèves et ouvertes. Au bout d’une bonne demi-heure, je lui tins ce langage :
« Moi aussi, je crois en Jésus-Christ et je lis très souvent la Bible avec d’autres catholiques. Tout n’est pas faux dans ce que vous dites, mais j’aimerais en discuter avec vous dans un autre cadre. Je vous propose de vous rencontrer à la cure de Meyzieu avec vos condisciples, moi de mon côté je ferai venir des catholiques ».
Après le départ du témoin de Jéhovah, je me rendis compte que j’avais été un peu présomptueux de prétendre pouvoir organiser cette réunion à la cure. Mon épouse me conseilla d’appeler immédiatement notre curé, le père Jean Jabouley. Je suivis ce
conseil, et le père Jean Jabouley se montra très aimable et pas du tout inquiet ; il me dit qu’il allait contacter des paroissiens sûrs de leur foi catholique et qu’il se chargerait d’animer la réunion.
Le jour de la réunion, il y avait une dizaine de paroissiens et environ autant de témoins de Jéhovah. Une différence cependant : parmi les catholiques il y avait à peu près autant d’hommes que de femmes tandis que les témoins de Jéhovah étaient tous des hommes ; ils craignaient peut-être de tomber dans un guet-apens. Celui qui avait sonné à ma porte était venu mais il se tint coi pendant toute la réunion.
On commença par une prière commune, puis les paroissiens de Meyzieu se mirent à poser les questions qu’ils avaient préparées ; le père Jabouley intervenait pour compléter ou reformuler chaque question, citant tel ou tel passage de la bible. Quelques témoins de Jéhovah essayèrent de répondre, mais très rapidement ce fut seulement leur chef qui prit la parole. Il nous dit qu’il était
d’accord avec nous sur presque tous les points et que, d’ailleurs, il voulait bien utiliser nos propres bibles pour la discussion. Certains s’étonnèrent, faisant remarquer que les documents des témoins de Jéhovah semblaient parfois suggérer autre chose. Le chef répondit « il ne faut pas donner de la nourriture solide à un nourrisson : lorsque les nouveaux convertis progressent dans leur foi, nous leur expliquons des choses plus difficiles à comprendre qu’au début ». Les autres témoins de Jéhovah se tenaient silencieux, peut-être pantois d’entendre ce discours.
Une fois toutes les questions épuisées, le père Jabouley proposa de terminer par une prière commune, ce qui fut fait. L’atmosphère était détendue et on se serra la main avant de se quitter.
Le lendemain, je reparlais de la réunion avec le père Jabouley. Il me dit, à propos de leur chef : « Il était très fort, c’était au moins un évêque des témoins de Jéhovah ! »
Cette rencontre, qui a marqué les paroissiens, fut un témoignage de
l’ouverture d’esprit du père Jean Jabouley.