Editorial du Père Yves Longin
Mensuel « Meyzieu » de la paroisse de juin 1979
Le Père Butaud nous quitte...
« Quand je pense à un endroit, je pense d'abord à des gens, à nous ; et je pense tout d'abord à nos besoins spirituels, à notre désir d'être reconnus en vérité, notre désir de rencontrer Dieu.
Parce que nous avons chacun notre façon d'être, je veux voir régner dans cette communauté une liberté, un respect véritables pour les différents modes de vie...
Un endroit devient ce que les gens en font, c'est alors qu'il peut satisfaire aux besoins des gens...
L'endroit doit être assez solide, avoir la force de Dieu.
Il doit être assez bon pour recevoir la vie, les problèmes de tous ses habitants. Il doit s'améliorer sans cesse par l'intermédiaire des gens qui sont déjà là, de tous ceux qui y pénètrent.
Voilà le genre d'endroit que je veux, un endroit sacré, plein d'amour. »
L'auteur de ce texte a choisi ce titre « Voyage à travers la folie »... Peut-être est-ce folie de rêver ainsi.
En cette fin d'année, le regard porté sur nos communautés (famille, travail, quartier, groupes...) et sur notre communauté chrétienne, ferait bien apparaître que nous sommes souvent loin de cette espérance : « Que nos lieux de vie soient des endroits sacrés, plein d'amour, pouvant recevoir la vie et les problèmes de tous ses habitants... » Certains ressentent des incompréhensions, et des tensions, soulignent les imperfections, erreurs, lenteurs ou rapidité des évolutions..., dans tout ce qui existe ou est mis en œuvre au service de la communauté chrétienne.
Qui, il y a tout cela ; et ce n'est pas toujours facile à vivre. Mais c'est aussi le signe qu'il se vit des choses, qu'il y a une vitalité assez forte en bien des domaines ; signes aussi que la progression est exigeante.
Car aujourd'hui, tous ceux qui ont essayé de participer ou d'être présents dans cette vie de la communauté, aux visages multiples (paroisse, Aumônerie scolaire, les multiples groupes de réflexion ou d'action, tous ces lieux permettant la rencontre et le dialogue avec des personnes peu à l'aise dans l'Eglise mais qui cherchent, ont des choses à dire, à partager, tous ces liens tissés...) oui, tous ceux-là, quelles que soient les faiblesses, peuvent mesurer le chemin parcouru par cette communauté en quelques années avec et grâce à celui qui la quitte.
Le Père Butaud s'en va ; il vous en a parlé. Le départ de quelqu'un qui a marqué de son empreinte est toujours une rupture difficile ; mais plus encore, ce doit être un temps d'arrêt et d'action de grâces.
Un temps d'arrêt pour mesurer avec lucidité, joie et espérance ce visage nouveau donné à la communauté par le P. Butaud. Chacun insistera sur tel aspect. Je voudrais souligner cette volonté de mettre en liens, en route et en responsabilité d'un très grand nombre de laïcs en de multiples domaines ; c'est essentiel ; nous retrouvons là progressivement l'intuition et le dynamisme des premières communautés chrétiennes. Je voulais aussi insister avec force sur la confiance..., confiance que le Père Butaud a témoignée aux personnes, laïcs ou prêtres, confiance permettant de prendre responsabilité et initiatives, confiance qui ne laisse pas les gens se débrouiller seuls, mais qui, sans s'imposer, sait écouter, soutenir, remonter, éclairer et ouvrir au partage ; personnellement, je dois dire le prix que j'y attache et tout ce que je lui dois.
Un temps de louange, oui, de remerciement, d'action de grâces... un merci pauvre, maladroit, insuffisant, mais profond en nous.
Je voudrais, nous voudrions tellement que nous nous retrouvions en ces jours de juin, plus spécialement le 23, lors de la kermesse, et le 27, à 20 h 30, le soir, au cours d'une veillée de prière, en communion les uns avec les autres, dans la sérénité, la simplicité, la prière et la fête, autour de Pierre, , avec lui, pour lui témoigner notre soutien, lui dire cet immense merci personnel et communautaire, lui manifester notre amitié et notre affection profondes. Etre ensemble, avec lui, rendre grâce à Dieu pour ce visage de Jésus-Christ que Pierre nous a aidés à chercher, à découvrir, et à vivre au milieu des autres.
Yvess LONGIN.
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