Mensuel « Meyzieu » de la paroisse de décembre 1979, page 28.
Premières impressions de Cotonou...
Amis,
Cela fera bientôt une semaine que je vous ai quittés pour retrouver l'Afrique. Quand je suis arrivé à Cotonou, mon curé africain, des hommes, des femmes et une religieuse étaient là pour m'accueillir.
La première sensation c'est la moiteur de l'air, cette chaleur humide et parfois une légère odeur de moisi qui sont omniprésentes.
Je suis donc installé à la paroisse Saint-Michel qui, plantée au milieu de l'immense carré de la Mission, fait un peu l'effet d'un bastion de chrétienté, mais qui est pleine de vitalité et de ferveur.
La vie liturgique est très développée.
J'essaie de m'acclimater à cette nouvelle vie. Le lever est tôt, vers 5 h 30, car les deux messes en semaine sont à 6 h et 6 h 30. Comme la première est en « fon », je n'assure que la deuxième.
Dimanche dernier, mon premier dimanche, j'ai suivi la liturgie de toutes les messes : 7 h, 8 h 30, 10 h, 19 h. A 7 heures, la messe est en « fon », l'église est pleine d'adultes (environ 1500). A 8 h 30, la messe des enfants, ça grouille (1700 à peu près), encadrés par les catéchistes et les jeunes. A 10 heures, grand-messe, c'est la messe des paresseux, dit le curé : il n'y a pas plus de 400 personnes. A 19 heures, c'est la messe animée par les jeunes (chorale - batterie - guitares) qui y sont majoritaires : à peu près 1000 personnes. Comme c'est en français, on me l'avait réservée. I1 faut dire que ce dimanche-là, il y avait journée des chorales des jeunes de Cotonou et j'y avais fait un tour par moment, notamment à leur temps de prières de l'après-midi où 70 jeunes dans une ambiance recueillie et une spontanéité dans l'expression m'ont assez séduit. Les messes dominicales durent à peu près 1 h 30 et il faut voir l'organisation pour l'accueil, pour la communion, pour la quête... ce
sont des laïcs qui organisent. Il y a aussi beaucoup de groupes de prières depuis les plus classiques jusqu'aux groupes dans les quartiers... Je ne connais pas encore beaucoup de monde mais ça viendra. Mon handicap le plus certain c'est de ne pas parler le « fon », alors j'essaie de m'y mettre mais ça ne va pas tout seul... Je viens de recevoir la visite du laïc qui organise la catéchèse. Comme à Meyzieu, il y a des mamans catéchistes. On m'a confié un groupe de 32 enfants de 3e année en français ; des CM 1 je crois. Mais dans ce groupe, il y a un enfant de CE 2 et un de 5°. Quelle pédagogie employer dans une telle dispersion ?... Je vais aussi m'occuper d'A.C.F. (Action Catholique des Familles) qui a 3 équipes sur la paroisse et cela va commencer par une messe que je dois célébrer jeudi à 19 h, messe où se rassemblent toutes les équipes A.C.F. de Cotonou... Mais surtout il faudra m'occuper de l'animation spirituelle des adultes qui font de la catéchèse ou participent à des groupes
divers.
A la cure, je me retrouve avec deux prêtres africains, Vincent et Jean-Baptiste... bien sûr, il y a des sœurs de la paroisse : 2 congrégations africaines, les « Sœurs de St-Augustin » et les « Petites Servantes des Pauvres ».
La ville de Cotonou est assez animée ; bâtie sur le sable qui envahit la chaussée pleine de trous. La grosse artère passe devant notre église St-Michel si bien que lorsque l'on est à l'autel, par les portes du fond, toujours ouvertes, on a la vie de la cité sous son regard. Je ne la connais guère encore, cette ville, car je viens tout juste de récupérer ma voiture, passablement abîmée par les voleurs...
J'ai pu, tout de même, sortir de la ville pour aller rendre visite à 2 pères qui sont à Tchan-Wé sur le lac. La crue exceptionnelle de cette année fait largement déborder le lac. Heureusement les maisons sont toutes construites sur pilotis et toute communication se fait en pirogue : c'est un grand calme. Les pères sont venus m'accueillir à Calavi et nous avons fait 45 minutes en pirogue à moteur pour arriver chez eux.
La santé est bonne et je crois que tout ira bien.
Voilà un peu quelques nouvelles de départ...
Je compte sur la prière qui nous réunit en Jésus-Christ. .
PIERRE.
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